Je l'attendais comme bon nombre, et avec tout ce que j'avais pour voir depuis le debut de l'année, je n'avais aucun doute sur sa qualité.
mais ce fut largement au dela de mes esperence. The dark knight est LA meilleure adaptation comic qui ai été faite a ce jour. plus qu'un bete film d'action bourré d'effet speciaux, c'est une veritable tragedie greque, alliant des scenes intenses a une intrigue du plus haut niveau.
tout ce qui avait fait le succés de Batman begins a été reprit, renforcé, que ce soit la structure narrative plus proche du film policier que fantastique, les jeux respectifs des acteurs, et ses defauts supprimés : le gros defaut de batman begins étant, a mon sens, les scenes de combat filmés de façon bcp trop rapide et frenetique, si bien qu'on ne voyait ou comprenait pas grand chose a l'action : ici, tout est plus clair, plus visuel, et si les scenes de bastons perdent de rapidité, elles y gagnent en brutalité ; ce qui renforce l'une des nombreuses thematique du film, a savoir le combat interieur du justicier, entre son altruisme pur et sa rage, sa violence extreme, qu'il contient difficilement.
la scene de l'interrogatoire entre batman et le joker en est d'ailleurs l'exemple meme, et prouve aussi a quel point christopher nolan et les deux autres scenaristes (son propre frere et David S. goyer, deja a l'ecriture du premier opus) ont su saisir et comprendre la mythologie du chevalier noir : car le film repose sur cette idée, pierre angulaire de la relation entre les deux ennemis dans les comics, ou comment un heros qui se refuse a tuer peut arreter un etre qui n'a ni peur de lui, ni meme de mourir. un aspect que tim burton n'avait pas exploité ; tout juste avait-il abordé le fait que batman serait finalement le catalyseur de tout ce chaos, sa simple presence amenant finalement des etres comme le clown criminel (la fameuse escalade dont parlait gordon a la derniere scene de begins...)
de suite, je tiens a preciser : si la prestation de Nicholson était geniale, elle est aussi tres differente de celle d'heath ledger. Clown classe et dandy, autoproclamé premier artiste assassin, le joker version burton voulait recreer le monde a coup de pinceau et d'acide. celui de nolan, retors, cynique mais d'une intelligence incroyable, ne souhaite que le chaos, et prend un malin et pervers plaisir a le creer de façon intestine. si nicholson était omnis present a l'ecran, plus meme que batman, il devenait un personnage charismatique autant qu'ambigue. dans the dark knight, il crée une veritable paranoia, a tel point qu'on cesse de se demander, a chaque scene "mais ou est-il ? quand va-t-il surgir ? qu'est-ce que son esprit derangé a pu imaginer de pire que dans la scene precedente ?" ce qui me permet de dire que ce joker-là est une illustration bien plus proche du comic que la precedente. Et le jeu de ledger est tout bonnement surrealiste.
pourtant, sa precense n'evinsce pas les autres protagonistes. comme je le disais plus haut, le plus gros defaut des deux premiers batman de burton était cette mauvaise manie de mettre en avant les mechants, au detriment du heros. cela était plus visible encore dans batman - le defi, ou il était completement insignifiant. aucune doute n'est permit : bale est né pour jouer batman. pas seulement pour sa prestence physique, mais surtout pour sa capacité a rendre batman inquietant, determiné mais aussi incroyablement humain et parfois vulnerable, en proie a ses doutes. la encore, les scenaristes ont tout compris : plutot que de jouer la dualité bruce wayne/batman, ils ont bien insisté sur le fait que bruce est avant tout Batman, et que son identité civile n'est rien de plus qu'une couverture. un peu a l'image d'une phrase de la BD paru dans un numero de batman legend, ou il affrontait un adversaire tres peu connu du public, black mask : "je suis batman - et le reste n'est qu'un masque"
les autres personnages aussi ont droit a leur place dans l'histoire. ainsi, gordon, assez present dans le premier batman de burton, a peine apercu dans tout les suivants (mais toujours avec la silhouette de pat hingle) il était meme inexistant dans desastreux batman et robin, où il avait inexplicablement son uniforme a chaque (courte et rare) apparition, alors qu'il avait toujours été vu en trench coat dans les films precedent. un detail, me diriez-vous, mais qui prouvait bien que shumacher n'avait d'autre but que de ramener le personnage du commissaire a un simple faire-valoir, ou simplement le mec qui appelle batman pour lui dire "on a un probleme", un peu comme dans la vielle serie télé avec adam west. avec nolan, on retrouve le gordon de miller, integre mais pret a faire des concessions pour accomplir son travail, tentant de conjuger son metier difficle avec son role d'epoux et de pere, mais surtout reellement investit dans l'histoire, le rendant presque indispensable, et lui redonnant son son veritable role d'allié de batman.
le joker ayant monopolisé l'attention, de par sa presence et le jeu d'acteur de ledger, mais aussi malheureusement par la tragique disparition de ce dernier (mort en debut d'année suite a une overdose de medicament, d'apres les communiqués de presses), on en oublie l'autre mechant du film, et pourtant pas des moindres dans le comic, aussi important que le clown, a savoir double-face. passons le doublage français qui helas s'obstine a lui donné ce sobriquet ridicule de pile-ou-face, le role d'harvey dent dans TDK est loin d'etre anecdotique. il est meme l'un des points forts du film. il faut dire que ce qu'en avait fait tommy lee jones (pourtant acteur genial) dans batman forever, sous la houlette de shumasher, avait du surement degouté les spectateurs profanes, qui ne connaissent pas la profondeur du personnage comic, tant il y etait ridicule dans ce film. oubliez tout ça. rien que son double visage vous fera comprendre que double-face aussi est une puissante nemesis de batman. realisé en post production, en superposant via effet speciaux le visage normal puis maquillé d'aaron eckart, le visage de double face été resté completement secret, aucune image a circulé sur le web ou dnas la presse. resultat stupefiant : Edwyn et harima, vous qui avez vu le film, et d'autre sur ce forum aussi, vous serez surement d'accord avec moi : je met au defi tout ceux qui iront le voir de ne pas avoir un mouvement de recul lors de sa premiere apparition.
avec tout cela, TDK peut se vanter d'avoir eu droit a une realisation haut de gamme. oubliant le coté fantastique de begins, avec ses belles phantasmagories, le quartier des narrows paraissant tout droit sortit de blade runner : nolan s'est recentré vers un style plus proche des thrillers paranoiaque des années 70, ou encore des films de micheal mann. difficile d'ailleurs de ne pas penser a heat devant la scene d'ouverture du film, ou a miami vice lors de la dispute entre dent et gordon devant un batman silencieux sur le toit du commisariat (rapellant celle de castillo et l'agent du FBI face a tubbs et crockett sur le parking ou ils tiennent leur brieffing officieux) l'intrigue elle-même rapelle celle des films de Mann, ou encore les scenarios geniaux de jeph leob pour les comics (TDK s'inspirant en partie de "The long halloween") avec des situations multiples, des rebondissements inattendus, des intrigues parralleles sous-jacentes et de nombreux personnages secondaires, le tout s'imbriquant avec une coherence quasi-machiavelique. lorsqu'une situation dangereuse apparait, elle est soudainement utilisée et retournée pour en creer une autre, encore plus terrible ; le tout pour finir dans une veritable apotheose desesperée, mais aussi une belle ouverture a un troisieme volet, qui, on l'espere, sera encore meilleure.
on se demande comment cela serait possible, tant The dark knight a atteint des sommets ; mais avec cette equipe-là au commandes, il n'y aucun soucis a se faire.
Jeu 14 Aoû - 0:01
